dimanche 14 février 2016

2 belles ballades de Hâfez de Chiraz

Voici deux ballades (ou ghazals) de Hâfez, l’un des plus grands poètes persan du XIVème siècle.
Hâfez de son vrai nom Khaouajeh Chams ad-Din Mohammad Hâfez-e Chirazi est un poète, philosophe et mystique persan né autour des années 1310-1337 à Chiraz (Iran) et mort à l'âge de 69 ans.
Il demeure le plus populaire des poètes persans. En Iran, tout le monde connait par coeur des fragments de ses poèmes. Nombreux sont ceux qui portent sur eux un exemplaire de poche du divân.
Son mausolée est au milieu d'un jardin persan à Chiraz et attire encore aujourd'hui de nombreuses personnes, pélerins ou simples amoureux de poésie, venus lui rendre hommage.
Les ghazels de hâfez sont moins mystiques, moins exaltés et sans doute plus ambigus que ceux de son prédécesseur Rûmi. J'ai toujours préféré les aborder avec une relative naïveté. 
Les 2 ballades choisies sont tirées du livre « Quatrains Omar Khayyâm suivi de Ballades Hâfez, poèmes choisis », traduits et présentés par Vincent Monteil, bilingue, calligraphies de Blandine Furet, 171p., Coll. La Bibliothèque persane, Ed. Sindbad, 1983.

La première ballade est plutôt lyrique et la deuxième est surtout mystique.

Bonne lecture !

La lampe et le matin

Tu es comme le matin.
          Je suis la lampe qui brille,
Seule, à l'aube. Souris-moi,
          et je donnerai ma vie.
Tel est le deuil de mon coeur,
          pour les boucle de ta tête
Que ma tombe fleurira
          d'un tapis de violettes.
Je me tiens, les yeux ouverts,
          sur le seuil de ton désir,
Dans l'attente d'un regard,
          ...mais, de moi, tu te retires.
Merci. Que Dieu te protège,
         ô cohorte de douleurs,
Car, lorsque je serai seul,
        tu resteras dans mon coeur!
De mes yeux je suis l'esclave,
      lorsque, malgré leur noirceur,
Le compte de mes chagrins
      leur fait verser mille pleurs.
Mon idole se dévoile
      aux regards de tout le monde,
Mais personne ne surprend
      tant de grâce, que moi seul.
Mon amour, comme le vent,
      quand tu passes sur ma tombe,
Dans ma fosse, de désir,
      je déchire mon linceul.
                                                                 ***
Le divin refuge

A ce seuil, sans demander vaine gloire ou importance,
                             nous sommes venus.
Pour y chercher un refuge contre le sort et ses coups,
                             nous sommes venus.
Nous sommes les voyageurs à l'étape de l'amour;
Des limites du néant, au pays de l'existence,
                             nous sommes venus.
Nous vimes ta ligne verte: des jardins du Paradis,
Nous avons voulu chercher cette herbe d'amour, et puis
                             nous sommes venus.
Nous qui avons ce trésor, dont l'Archange est le gardien,
En mendiant, jusqu'à la porte, au palais du souverain,
                             nous sommes venus.
Où donc, navire sauveur, ta clémence est-elle ancrée?
Dans l'océan du pardon, mais plongés dans le péché,
                            nous sommes venus.
L'honneur part. Crève, ô nuage qui nos fautes dissimule!
Car, avec un livre noir, auprès du Souverain Juge,
                            nous sommes venus.
Hâfez, débarrasse-toi de ton vain manteau de laine:
Avec de brûlants soupirs, derrière la caravane,
                            nous sommes venus.

    

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